L’Egypte a des ressources en gaz et en pétrole, et est actuellement le second producteur africain de gaz, avec une production qui avait doublé depuis 2004– mais elle manque pourtant cruellement d’énergie – les coupures de courant sont très fréquentes, plusieurs heures par jour.
Certes certains attribuent les coupures à la nécessité d’arrêter les vétustes centrales électriques quand elles chauffent trop, mais les responsables admettent que le déficit journalier en ce qui concerne les besoins des centrales électriques est de 15m2 de gaz, et la même chose en électricité.
Déficit énergétique
Le déficit énergétique daterait de 2007 ou 2012.
2007 selon les autorités égyptiennes, 2012 selon le chercheur (Université de Stanford) Amr Adly.
Ce dernier ajoute que l’Egypte était en fait importatrice nette de pétrole dès 2006.
Le Caire aurait importé 75 millions de tonnes de produits pétroliers par an depuis 2008.
Pourtant en 2010 encore, c’est le pétrole qui représentait plus de 50% du total des exportations égyptiennes. Cela s’explique par les obligations de l’Etat envers les compagnies étrangères qui investissent et construisent les installations pétrolières en Egypte, en échange de la garantie de pouvoir exporter.
Quant au gaz, l’Egypte en produisait et en consommait à peu près la même quantité vers 2002/4, puis en a produit considérablement plus que sa consommation jusqu’en 2012 (environ un cinquième d’après les chiffres de BP).
Jusqu’en 2011, l’Egypte exportait également près d’un tiers de son gaz vers Israël et la Jordanie – à des prix peu concurrentiels, ce que beaucoup d’économistes voient comme un très mauvais choix (lié aux considérations diplomatiques et peut-être à des réseaux de corruption) qui pèse sur les capacités financières actuelles de l’Egypte.
Depuis 2011 la production baisse. En un an par exemple, la compagnie égyptienne de Petrobel, qui compte pour presque un quart dans la production de gaz égyptien, a vu la quantité de gaz fournie diminuer de près de 20%.
Le gaz a été coupé à certaines usines en ce mois de Ramadan, et pour une durée indéterminée : il s’agit de diverses usines productrices d’engrais. Le combustible a été réservé en priorité aux centrales électriques, environ 70% de la production, d’après le cabinet d’analyse Pharos Research.
L’Egypte reçoit de l’aide financière pour payer ses achats de combustibles et ses dettes énergétiques, et de l’aide en nature (des produits pétroliers) de plusieurs pays du Golfe, satisfaits du renversement des Frères musulmans il y a un an.
Elle a aussi demandé récemment la coopération de l’Algérie pour importer du gaz.
Dettes égyptiennes
Comme l’Egypte n’est censée pouvoir utiliser que 59% de la production, et que ce qui reste ne suffit plus pour sa population en constante augmentation, un certain nombre de firmes étrangères, partenaires des Egyptiens dans l’extraction de gaz et de pétrole, ont peu apprécié de voir l’Egypte ne pas respecter sa part du contrat. Lequel était peut-être très défavorable à l’Egypte, mais il était signé. La compagnie anglaise BG s’est ainsi retrouvée pendant des mois avec des tuyaux vides et n’a pas pu honorer ses propres contrats de fournisseur, car le Caire dirigeait le gaz prévu pour l’export par son intermédiaire vers le marché intérieur.
Résultat : non seulement l’Egypte s’endette envers ces compagnies en utilisant les combustibles qui sont censés leur revenir, mais en plus elle s’endette aux prix du marché international, tandis que les combustibles sont revendus en Egypte à des prix très inférieurs, puisqu’ils sont subventionnés par l’Etat. Ou plutôt étaient, car le gouvernement vient de diminuer considérablement les subventions sur l’énergie.
Au total, l’Egypte devait en ce mois de juillet 2014 près de 4,7 milliards d’euros (dont près d’un tiers est constitué d’arriérés de paiements !) aux compagnies pétrolières et gazières étrangères.
Le ministre du Pétrole et de l’Energie, Sherif Ismail, affirme que l’Egypte va repayer ses dettes au plus vite, afin que les compagnies étrangères acceptent d’investir à nouveau en Egypte, et que la production puisse repartir.
Retour au charbon
En attendant, le gouvernement a autorisé en avril dernier certaines entreprises – et principalement les cimenteries, qui avaient fait pression, mais aussi les centrales électriques – à utiliser du charbon plutôt que du gaz ou du diesel. Les opposants à l’utilisation du charbon comme Egyptians Against Coal pointent du doigt son coût environnemental et assurent que les entreprises en question ont tout à fait les moyens de payer le gaz et le diesel au prix mondial et n’ont pas besoin de recourir au charbon, moins cher mais polluant.
Une compagnie égyptienne, Sinai Cement, a annoncé récemment qu’elle établissait un partenariat avec une firme danoise pour son approvisionnement en charbon (FLSmidth).
Plus de 75% des usines de ciment sont en fait détenues par des entreprises étrangères comme Lafarge ou ItalCementi.
La Banque européenne BERD a indiqué son soutien à la reconversion vers le charbon, indignant les activistes égyptiens.