Abdullah El Shamy, l’un des correspondants d’Al Jazeera en Egypte, en détention provisoire depuis le 14 août, et qui est en grève de la faim depuis le mois de janvier, a perdu aujourd’hui son appel contre le renouvellement de sa détention provisoire.
D’après sa famille qui s’en remet au médecin qu’elle a contacté, sa santé est actuellement en danger. Son frère Mosaab, également journaliste, donne quelques détails (en anglais) ici. Son épouse a également entamé une grève de la faim.
Le ministère de l’Intérieur dément la grève de la faim et affirme que le journaliste est en bonne santé et a accès aux repas que lui fournit régulièrement sa famille en prison.
Shaaban Saeed, l’avocat du journaliste de 26 ans, explique que son client est accusé d’ »avoir pris part à un groupe terroriste [comprendre les Frères musulmans] et d’avoir répandu des informations mensongères [comprendre, d'avoir couvert sur la place Rabaa au Caire la dispersion des sit-ins pro-Morsi de cet été qui a fait près d'un millier de morts]« .
D’autres correspondants de la chaîne qatarie sont en prison, également accusés d’avoir fabriqué des informations visant à discréditer les autorités de transition égyptiennes, arrivées au pouvoir lorsque l’armée a destitué l’ex-président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi.
Abdullah elShamy a réussi à faire passer une lettre en-dehors de sa cellule au début du mois, où il affirme que les autorités essayaient de le convaincre de renoncer à sa grève de la faim.
Il a également fait parvenir cette vidéo de lui-même en prison à sa famille et à Al Jazeera. Il y déclare que
« il est détenu depuis plus de 260 jours sans avoir commis aucun crime ». Il ajoute qu’ »il tient le régime égyptien pour responsable de sa santé et de sa sécurité, si jamais sa grève de la faim ou un autre événement venait à menacer son intégrité. »
Amnesty International appelle les autorités égyptiennes à le libérer.
Il est aujourd’hui en confinement en cellule individuelle, dans une autre prison (Scorpion, ou Aqrab en arabe) que celle où il avait té maintenu jusqu’alors, à Tora. Comme son appel a été refusé, il n’est qu’au début de sa nouvelle période de détention provisoire de 45 jours. La loi égyptienne permet dorénavant d’attribuer des périodes de détention provisoire de 45 jours renouvelables pour les individus accusés de près ou de loin de liens avec le terrorisme – et apparemment la différence entre un journaliste couvrant les exactions du pouvoir et un terroriste n’apparaît pas toujours clairement à la justice égyptienne.