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Channel: Nouvelles du Caire » sophieanmuth
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Manifestations déguisées

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Conférences de presse, marathons: il faut faire preuve d’imagination aujourd’hui en Egypte quand on veut manifester dans la rue contre le gouvernement. Pour limiter le nombre d’arrestations et de morts, les activistes organisent des activités d’apparence inoffensive, qui finissent toujours par inclure comme par inadvertance des slogans anti-régime militaire. Les marches ces jours-ci demandent l’abrogation de la loi régulant les manifestations de novembre dernier que les activistes appellent la loi « anti-manifestations », et la libération des activistes emprisonnés. Les activités politiques de ces jours-ci veulent rassembler des forces avant le 26 avril, un mois avant l’élection présidentielle: ce jour-là les activistes appellent à manifester devant le palais présidentiel.

Depuis novembre dernier, la police a le droit de disperser avec entrain, usage de la force à volonté et arrestations à la pelle, les manifestations non autorisées. Pour être honnête, elle le faisait déjà avant cette nouvelle loi qui régule les manifestations. Après tout, dans la dispersion des sit-ins pro-islamistes du mois d’août, c’est près de 1000 personnes qui avaient trouvé la mort, et une grosse cinquantaine le 6 octobre 2013, islamistes ou détracteurs de la destitution du président issu des Frères musulmans déchu en juillet 2013 et élu juste un an auparavant, Mohamed Morsi.
Mais cette loi de novembre a agacé surtout ceux que l’on décrit comme la troisième voie en Egypte, ni pro-armée, ni pro-islamistes. Pour les détracteurs de cette loi, qui par bien des aspects est pourtant semblable à ce qui se fait dans bien des pays occidentaux, encadrer si strictement les manifestations dans un pays où, dans l’ensemble, les changements de pouvoir, ces dernières années, ne se sont pas faits dans les bureaux de vote mais dans la rue, revient à geler toute possibilité de changement de régime à l’avenir.
Le poids de la troisième voie est pour le moment très faible. Vu le jeu de massacre auquel se livrent les autorités et les islamistes, ils avaient décidé de laisser la situation refroidir un peu.

Aussi jeudi 10 avril, divers mouvements révolutionnaires ont-ils appelé à une « conférence de presse » sur les marches du syndicat des journalistes, dans le centre du Caire. Ils demandent l’abrogation de la loi régulant les manifestations, et la libération des activistes emprisonnés. Ces derniers sont souvent accusés de « manifester ou appeler à manifester illégalement, inciter au chaos » notamment.
Lorsque les deux ou trois centaines de personnes ont quitté le syndicat, elles se sont toutes dirigées ensemble vers le métro, et ont parcouru les rues au pas de course, pour ne pas bloquer la circulation, et par crainte des arrestations, mais la police ne s’est pas montrée.
Face aux slogans hostiles à l’armée et au système, certains des badauds ont montré un brin de sympathie mais beaucoup haussaient les épaules voire exprimaient leur désir de voir ces « gamins » quitter les rues, au besoin à l’arrière d’un panier à salades.

10 avril 2014

Le 12 avril, l’activité était un « marathon ». Le blogueur et activiste Alaa Abdel Fattah, qui vient de sortir de détention provisoire (le pauvre a fait un séjour en prison sous tous les régimes que l’Egypte a connus ces dernières années) a couru aussi.
D’après les organisations de défense des droits de l’homme, ce sont plusieurs milliers de personnes, islamistes ou activistes sécularistes, qui ont été arrêtées ces derniers mois.

Alaa Abd el Fattah

Ci-dessous la vidéo du marathon:


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