C’est la fin du gaz bon marché pour l’Egypte. Mais les producteurs de ciment ont compté sur cette ressource pour leur production, et ils font pression en ce moment sur le gouvernement pour obtenir des importations de charbon – mais les défenseurs de l’environnement et les professionnels du tourisme ne voient pas cette idée d’un très bon œil. Ce dimanche, le Conseil des ministres a réuni des représentants du secteur du ciment pour parler de la baisse de leur production et de l’augmentation de leurs prix.
Selon le Ministère de l’Industrie , la rencontre a conduit à un accord sur les conditions de l’utilisation industrielle du charbon. S’il était amené à remplacer le gaz pour le secteur du ciment, le ministère de l’Environnement devrait étudier les normes européennes pour et les appliquer à l’industrie du ciment. Le gaz ainsi épargné pourrait servir à d’autres industries.
La ministre de l’Environnement a louvoyé dans sa réponse (visible sur cette page -en arabe- en date du 10 mars) et indiqué que le ministère examinerait cette nouvelle option tout en suggérant des énergies renouvelables et la rationalisation de la consommation d’énergie.
L’énergie est en effet un problème majeur en Egypte. L’aide du Golfe permet en ce moment au pays de s’approvisionner, mais ce n’est qu’une solution provisoire.
La situation est toujours plus critique en été. Et alors que la chaleur a à peine commencé à s’installer et les climatiseurs à fonctionner timidement, il y a déjà au moins une heure de coupure d’électricité par jour au Caire par exemple, en décalé dans les différents quartiers.
« L’énergie était très subventionnée en Egypte. Le ministère du Pétrole et des ressources minérales a une dette énorme. Aujourd’hui on essaie de couper les subventions et de rapprocher le prix des sources d’énergie achetées par les industries égyptiennes des prix du marché mais c’est difficile. Les compagnies vont répercuter l’augmentation sur leurs produits, qui seront soit moins compétitifs à l’export et donc les forceront à licencier, soit à l’intérieur et les gens ne pourront plus acheter. Bien sûr l’énergie solaire ou d’autres énergies renouvelables sont des options, mais il nous faut une solution immédiate. C’est pourquoi le charbon est une possibilité. » Magdi Nasrallah, Professeur et fondateur de la chaire Pétrole et génie énergétique à l’Université Américaine du Caire.
Les professionnels du tourisme apprécient peu l’idée de voir des bateaux aux cales remplies de charbon débarquer là où ils espèrent que les touristes reviendraient bientôt, et les défenseurs de l’environnement s’inquiètent des conséquences pour la santé de l’utilisation du charbon à grande échelle. Une campaigne avait été lancée contre le charbon dès l’année dernière: https://www.facebook.com/NoCoal
« La consommation d’énergie primaire augmente en moyenne de 5% annuellement depuis 2000, principalement sous forme de gaz (46%) et de pétrole (41%). De nombreux facteurs sont à l’origine de cette augmentation rapide : le développement du secteur industriel et la croissance démographique (1,6% en moyenne par an) notamment.
La hausse des volumes importés et la chute des exportations de gaz pèsent sur le solde commercial des hydrocarbures, qui est devenu négatif au cours de l’année budgétaire 2012/13. Depuis 2010/11, la facture pétrolière augmente de plus de 2 mds d’USD chaque année.
La dette de la compagnie nationale égyptienne de pétrole (EGPC) vis-à-vis des entreprises pétrolières et gazières internationales atteint des montants très importants, incluant des arriérés en forte hausse depuis 2011. Une estimation basse évalue cette dette à 3,6 milliards de dollars. »
Rapport de la BNP sur l’économie égyptienne, octobre 2013