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Egypte: des millions de signatures contre le président

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« Rebelle-toi », voilà l’injonction d’une campagne lancée au début du mois en Egypte, et qui veut chasser les Frères musulmans et le président Mohamed Morsi du pouvoir. Les organisateurs disent avoir déjà collecté deux millions de signatures en deux semaines. Ils espèrent atteindre quinze millions à la fin du mois prochain, et ainsi bénéficier d’une légitimité populaire supérieure à celle qui a permis l’élection de Morsi en juin 2012 (12,3 millions de voix).

La campagne « Tamarod » (Rébellion) a reçu le soutien du Front de Salut National, qui est une coalition de partis et figures de l’opposition, du parti du Dostour par exemple (parti de l’ancien directeur de l’Agence internationale pour l’énergie atomique et opposant à Moubarak, Mohamed El Baradei), du groupe d’activistes du 6 avril (fondé en 2008), mais aussi des salafistes. La Gamaa islamiya, elle, a par contre lancé une contre-initative, incitant à l’ »impartialité » et à la stabilité. « Tamarod » reçoit ces soutiens politiques plusieurs semaines après le début de ses activités, et se déclare indépendante de toute tendance politique.

« Tamarod » appelle les Egyptiens à « retirer leur confiance » au président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi, et à le forcer ainsi à démissionner, comme si le peuple était le parlement et pouvait voter contre le chef de l’Etat. La campagne reproche aux Frères musulmans d’avoir « augmenté le nombre des martyrs du peuple égyptien »: en effet depuis l’élection de Morsi des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans des manifestations ou affrontements de nature politique ou sociale.
Elle les accuse aussi d’essayer d’intimider les figures de l’opposition avec des procès ou des campagnes dans les médias (contre par exemple Baradei ou Bassem Youssef).
D’autres accusations sont plus tendancieuses, comme celle qui reproche au gouvernement de chercher à vendre l’Egypte à ses protecteurs ( ici c’est le Qatar et son aide généreuse qui sont visés – sans davantage de preuves, il faut bien le dire).

« Rébellion », qui serait à la fin du mois de juin, forte d’une légitimité populaire qui remplacerait celle des urnes, quand les 15 millions de signatures auraient été recueillies, a l’intention d’organiser une marche sur le palais présidentiel et de soumettre la pétition au procureur-général, afin d’exiger la démission du président. Des élections présidentielles anticipées – un an seulement après l’élection de Mohamed Morsi- pourraient alors avoir lieu.

Juridiquement, l’initiative n’est pourtant pas très viable. Les porte-paroles du parti des Frères musulmans, Liberté et Justice, nient toute importance à cette pétition et rappellent que saule vaut la légitimité des élections.

Ce jeudi, une plainte a été déposée contre les organisateurs de la campagne: ils chercheraient à faire plonger le pays dans le chaos, détruire l’unité nationale. Un peu d’exagération. L’autre chef d’accusation, par contre, ne semble pas illégitime: chercher à renverser le gouvernement. Des campagnes de désobéissance civile ont été lancées régulièrement dans plusieurs villes d’Egypte notamment celles du Canal de Suez, ici c’est à l’échelle nationale que le mouvement essaie de prendre forme.

La campagne dit compter six mille membres actifs, sa page Facebook compte plus de 140 000 membres, et en deux semaines les porte-paroles disent avoir réussi à faire signer deux millions de pétitions, dont huit cent mille au Caire.


Les militants de la campagne font signer la pétition quotidiennement et un peu partout.

Quand ils signent la pétition, les Egyptiens doivent aussi inscrire leur numéro de carte d’identité.


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