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Histoires de prisons: la grève de la faim

Tous les jours de nouveaux prisonniers entament une grève de la faim en Egypte, en protestation contre les interminables périodes de détention provisoire et les chefs d’accusation politiques. Ils seraient aujourd’hui peut-être 66. Certains sont dans un état critique, refusant de s’alimenter depuis plusieurs mois.

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C’est le cas de Mohamed Soltan qui est en grève de la faim depuis plus de 200 jours. Fils d’un cadre des Frères musulmans, il est incarcéré depuis plus d’un an, sans que les charges exactes qui pèsent contre lui aient jamais été déclarées, et ce malgré sa double nationalité, américaine et égyptienne.

Un frère et une sœur issue de la famille emblématique des opposants de gauche en Egypte, le blogueur Alaa Abdel Fattah et sa petite soeur Sanaa, sont en grève de la faim depuis qu’on les a empêchés de rendre visite à leur père mourant. Ils ont néanmoins été autorisés à quitter momentanément leur cellule pour les funérailles.
Sanaa Seif, en détention depuis juin, vient d’entrer à l’hôpital de la prison de Qanater.

Parmi les activistes en prison, du 6 Avril ou proches de ce mouvement d’opposition, (qui a été interdit par les autorités égyptiennes cette année) Ahmed Douma et Mohamed Abdel Rahman, connu sous le nom de Noubi, sont en soins intensifs. Ils ont cessé de s’alimenter eux aussi dans le cadre de la campagne « on en a assez », mené par les détenus qui entament une grève de la faim. Ils attendent derrière les barreaux un jugement en appel, après avoir été condamné à trois ans de prison dans le cadre de la loi qui régit les manifestations.

Ibrahim Al Yemeni, de l’autre côté de l’échiquier politique, dans le camp islamiste, est en grève de la faim à Wadi Natroun depuis plus de 140 jours. Médecin, il a fait un passage dans les médias comme le docteur de la mosquée Fatah, sur la place Ramsès au Caire le 16 août de l’année dernière, lorsque les forces de l’ordre et leurs acolytes ont fait des dizaines de morts parmi les manifestants qui protestaient contre la dispersion sanglante du sit-in de Rabaa et Nahda deux jours auparavant.

La grève de la faim du journaliste d’Al Jazeera Abdullah al Shamy avait fonctionné, il a été libéré après presque un an en captivité et 140 jours de grève de la faim.

Ils seraient aujourd’hui 66 à refuser de s’alimenter, d’après le journal en ligne d’opposition, Al Bedayah .

Mais aujourd’hui, les autorités tardent à réagir.
Une jeune avocate qui passe son temps à défendre bénévolement les prisonniers politiques, se rendait lundi dernier au bureau du procureur général pour lui signaler la grève de la faim, en solidarité, de deux membres du parti (très gauchiste, et lié à l’ex-candidat à la présidence, en 2012, l’avocat des ouvriers, Khaled Ali) Pain et liberté. Elle rapporte que le procureur refusait d’établir une main-courante sur la grève de la faim des deux activistes, répétant « Mais qu’est-ce que j’y peux? s’ils ne veulent pas manger, qu’ils ne mangent pas. » Elle est reparti avec un papier sur lequel elle lui a fait écrire « Mais qu’est-ce que j’y peux », et la certitude d’avoir grimpé de quelques crans dans la liste des personnes à surveiller…

Vous pouvez suivre ici la page de soutien aux prisonniers politiques égyptiens (en arabe) « Libérez les courageux« .


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