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Bassem Youssef, le trublion est de retour

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Le satiriste égyptien Bassem Youssef est revenu sur les petits écrans ce vendredi. Il a tenté, tout au long de l’épisode, de dénoncer la censure, les obstacles à la liberté d’expression et la Sissi-mania sans « fâcher personne », comme il le répétait.

Bassem commence fort en mettant en scène le processus de décision du contenu de son nouveau show.
L’humoriste pourrait se mette à l’astrologie, au football, ou encore écouter, muet, un autre présentateur…

S’ensuit une séance d’excuses pince-sans-rire aux honorables téléspectateurs qu’il avait froissés dans son précédent « Programme » en octobre dernier. Ses détracteurs lui reprochent pêle-mêle d’être irrespectueux ou de servir des intérêts étrangers-américains. Bassem Youssef avait été privé d’antenne pendant plusieurs mois depuis le Ramadan (période de vacances pour les programmes habituels hebdomadaires), les manifestations de l’été et la destitution de Morsi. Il était revenu en octobre mais avait apparemment irrité soit le pouvoir, soit sa chaîne hôte dans le deuxième épisode de la saison, car la diffusion de cet episode, enregistre comme toujours deux jours avant la diffusion, a ete annulee in extremis, et la chaine avait alors mis fin a sa collaboration avec l’humoriste. Ce dernier est désormais le protégé de MBC Egypte, à fonds saoudiens. Des clins d’oeil à répétition, au manager, ou aux collègues de la chaîne et leurs programmes, ont ponctué la première émission de Bassem Youssef sur cette chaîne. L’Arabie saoudite soutient le régime de transition en place en Egypte
Tout au long du show, le ministre de la Défense et potentiel futur président égyptien, le maréchal Sissi, est omniprésent – son nom du moins, car tout commentaire est prohibé. Bassem fait semblant de ne même pas vouloir le nommer.

Mais le nom de Sissi revient en boucle, dans tous les thèmes que l’humoriste tente d’aborder, cuisine, mode, etc. (en s’aidant même d’une roue digne de jeux télévisés), afin de montrer l’obsession égyptienne pour son militaire.
Dans une référence à l’épisode d’octobre, l’un des assistants de Bassem s’apprête à chanter gaiement « Et Sissi a fait un coup d’Etat » quand tous sortent des armes pour le faire taire, mimant le désaccord mais attirant en réalité l’attention sur les tentatives réelles du pouvoir (visant les opposants islamistes ou non, et les médias) de faire taire toute voix discordante.

En hommage à ses shows précédents, Bassem Youssef reçoit un appel de Gamahir, »les masses » fausse ingénue symbole de l’Egypte qui appelait au sujet de ses problèmes de coeur avec ses maris/chefs d’Etat successifs. Mais cette fois-ci, il joue à raccrocher le combiné, terrifié.

A la fin de l’épisode, Cairokee, un groupe égyptien connu pour sa musique pop et ses chansons prisées de la jeunesse et du courant qui se perçoit comme pro-révolution, a présenté ses dernières compositions, notamment « Des gens dansent, d’autres meurent », allusion on ne peut plus claire à l’euphorie po-armée et pro-Sissi de certains, tandis que les morts faits par les forces de sécurité parmi les manifestants ne cessent d’augmenter – comme les victimes d’attentats.


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