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Sinaï, silence, on fait le ménage

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Les autorités égyptiennes communiquent à profusion sur la lutte anti-criminalité et anti-terrorisme qu’elles mènent dans le Sinaï, et fournissent gracieusement des images de ses tanks et de ses soldats tombés en martyrs, mais elles ferment la zone à la presse.

Un secret bien gardé
La presse étrangère est éconduite dès les abords de la péninsule. Quant aux journalistes égyptiens, tout dépend de leurs sentiments politiques… S’ils sont bien connus pour leur sympathie vis-à-vis du discours officiel et leur grand amour de l’armée, ils ont le droit d’être emmenés par l’armée pour documenter ses actions. Sinon, ils doivent respecter à la lettre le couvre-feu et les mesures de sécurité dignes d’une zone de conflit armé, et ne marcher sur les pieds de personne.
Un journaliste basé dans le Sinaï, arrêté le 4 septembre dernier, est encore en détention provisoire car son procès a été reporté, et doit passer devant un tribunal militaire. Ahmed Abou Draa est notamment accusé d’avoir répandu de fausses informations sur l’armée (il aurait parlé de victimes civiles dans les frappes de l’armée sur facebook) et d’entretenir des liens avec un groupe terroriste. Pour les groupes de défense des droits de l’homme, c’est son regard critique qui lui a valu son emprisonnement.
Il a publié un article le 4 septembre parlant de la possibilité d’une zone tampon entre l’Egypte et la bande de Gaza, ce qui entraînerait le déplacement de toute la population de cette bande, et de toute la partie égyptienne de la ville-frontière de Rafah.
L’armée a en effet commencé à mener des raids dans cette zone-frontière, et a détruit des bâtiments dans des opérations de guérilla, ou pour mettre à jour et détruire des tunnels vers Gaza.

Lutte contre des terroristes partisans du président déchu…

Les forces de sécurité égyptiennes disent avoir perdu plus d’une centaine de vies dans leur lutte pour ramener le calme au Sinaï. Elles en imputent la responsabilité à une insurrection terroriste partisane du président déchu par l’armée début juillet, Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans. Cette insurrection est selon elles soutenue par le Hamas – qui dément : les relations entre l’Egypte et la bande de Gaza sont au plus bas.
Le 19 août a eu lieu l’attaque la plus meurtrière : des hommes armés non identifiés ont tué vingt-cinq conscrits qui se rendaient vers leur camp en bus militaire.

Un groupe jihadiste du Sinaï, Ansar Bayt-al-Maqdis (Partisans de Jérusalem), revendique, selon les sources égyptiennes officielles, les attentas contre les bâtiments et le personnel des forces de sécurité. C’est le même groupe qui endossait la responsabilité des attaques répétées contre le gazoduc qui fournissait la Jordanie et Israël, pendant les deux années qui ont suivi la révolution. La vente de gaz à Israël, à un prix considéré comme beaucoup trop faible, était considérée par beaucoup en Egypte et pas seulement des jihadistes extrémistes, comme de la collaboration, mais faisait partie des accords diplomatiques passés entre les deux pays. Le président déchu en 2011, Hosni Moubarak, a d’ailleurs été également mis en accusation à ce sujet.
Officiellement, ce groupe jihadiste est le second au Sinaï, après le Jihad salafiste, et compterait près de 100 membres. Un attentat à la voiture piégée contre le ministre de l’Intérieur égyptien, le 5 septembre, a été revendiqué par le même groupe. Les Frères musulmans ont condamné l’attaque. L’Intérieur se dit peu convaincu de la capacité du groupe à opérer en-dehors du Sinaï.
Des « sources issues des forces de sécurité égyptiennes » annoncent que des membres du groupe ont été arrêtés ces derniers temps, mais le secret entoure ces présumés terroristes. C’est pourquoi certains en sont venus à douter de l’existence ou de l’importance d’un tel groupe.
En tout cas, le 15 septembre dernier, le porte-parole de l’armée égyptienne a annoncé que l’armée avait confisqué de l’armement lourd (mortier et RPG) et capturé plus de 300 militants dans le Sinaï.
En réponse, le groupe Ansar Bayt AlMaqdis a déclaré, selon certains médias, que l’armée avait fait plusieurs morts civiles dont des enfants en attaquant un village du Sinaï, Lotayfat. L’armée dément ces allégations.

Ou guérilla contre les trafiquants

Des conscrits en poste dans le Sinaï (mais pas à la frontière avec Israël et Gaza) affirment que dans la plupart de la péninsule, les accrochages se font plutôt avec les trafiquants de drogue et d’armes. Les chargements sont en général saisis (et détruits, pour la drogue), mais les coupables parviennent souvent à s’enfuir, connaissant le terrain mieux que l’armée.


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